01/12/2014

Parole de donateur

"Si les anciens détenus trouvent porte close à leur sortie de prison, on les incite à la récidive."

Les mots : « prison », « alcoolique », « séropositif »… ce sont des mots qui font peur. Mais aussitôt qu’on connaît les gens ces étiquettes disparaissent pour faire place à des personnes. Et tout le monde a droit à une histoire, à un avenir. Avant de condamner une personne, avant même de l’évaluer, de la mesurer, il faudrait l’écouter, prendre le temps de saisir son « épaisseur », et l'accueillir tout simplement. Si les anciens détenus trouvent porte close à leur sortie de prison, on les incite à la récidive.

Je suis arrivé en Martinique en 81. J’étais très ami avec le curé, qui était aumônier de prison et qui m’a demandé, un jour, de rendre visite à un « métropolitain » qui était seul. C’est comme cela que je suis devenu « visiteur de prison ». J’ai rendu visite régulièrement à cette personne, pendant des années, et j’ai aussi accueilli chez moi pour le week-end de nombreux détenus.

Ce qui m’a toujours frappé c’est l’énorme différence entre l’image qu’on peut se faire d’une personne à partir de son casier judiciaire, et la personne que je rencontrais à chaque fois. Parfois, quand on me dressait le « catalogue » des délits commis par un détenu, je me disais que non, ce ne serait pas possible, et puis je rencontrais cette personne. Une personne fragile, précaire et souvent blessée, humiliée, mais pas violente. Comme s’il y avait deux mondes : un monde virtuel, infernal, et le monde réel qui est beaucoup plus simple. Au cours de notre apprivoisement mutuel, le plus souvent je n’avais pas besoin de préparer mes visites, ni de parler, mais simplement d’écouter des personnes qui avaient beaucoup de choses à dire.

On n’a pas le droit de laisser les gens sans avenir... Ça me rappelle l’histoire d’un jeune « métropolitain », une personne très fragile, à la merci des autres détenus. A la fin de sa peine il est rentré sur le continent, mais il s’est trouvé si seul qu’il est revenu - c’était en Guyane - voir le directeur de la prison et lui demander de l’accueillir à nouveau. Le directeur lui a dit qu’il ne pouvait pas, que ce n’était pas possible. Dans la journée il a cassé une vitrine pour pouvoir retourner en prison. Finalement, le seul endroit où il avait été accueilli dans sa vie c’était la prison.

Je sais ce qu'est la marginalité et je la vis souvent du fait de mon histoire personnelle et j'imagine les regards que ressentent d'anciens taulards, sans oublier leur propre regard sur eux-mêmes. Le seul moyen de les en sortir c'est sans aucun doute de les écouter et de leur ouvrir les bras.

Merci à Jean-Louis d'avoir accepté de témoigner au sujet de son engagement.

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